
Mon absence sur les réseaux sociaux.
Pendant un peu plus d’un mois, j’ai totalement quitté les réseaux sociaux. Une absence qui m’a fait beaucoup de bien et m’a boostée à fond. J’en étais arrivée à un stade où, chaque fois que je me connectais sur Instagram et que je passais les stories des personnes que je suivais, je me sentais hyper blasée.
Blasée de voir les mêmes campagnes influencer pour un site de vente de coques de téléphone, blasée d’entendre une énième tirade sur les bienfaits du savon au lait de chèvre et carrément énervée de voir que dépenser 2000 balles dans un sac à main était un « petit craquage du jour ».
A force d’être martelée d’images différentes mais identiques, j’ai fini par ne plus distinguer personne. J’ai pris conscience que les « influencer » s’étaient tous unifiés pour proposer toujours la même chose (à quelques exceptions près).
Après une déconnexion totale d’environ trois semaines, je me suis mise à observer les comportements, les mimiques, la créativité, la production de chacun sur Instagram, en restant dans l’ombre. J’en ai tiré quelques conclusions.
1. Quand on y regarde de près, un tas d’influencers se copient sans vergogne.
Parlons une seconde de Gaëlle Garcia Diaz. Ce petit bout de femme extraordinaire (oui parce que elle, je l’aime) s’est clairement démarquée grâce à son franc parler vulgaire, mais très bien étudié. Toute sa com’ est basée sur le gros mot, le trash, le lourd, en gardant un côté extrêmement féminin et classe. A mes yeux, c’est la seule qui le gère sans passer pour une baraki. (Amis français, « baraki » est une expression typiquement belge qui désigne les gros beaufs sans éducation qui boivent des bières fortes à 10°). Une fois le phénomène Gaëlle_gd lancé, j’ai pu observer une flopée de filles qui copiaient ses expressions, sa gestuelle, ses grimaces. Du jour au lendemain, des nanas réservées se sont transformées en clones-Mini Diaz.
Si si. Regardez-y de plus près. Je suis CERTAINE que parmi les « influencers » que vous suivez, il y en a au moins une qui reproduit le personnage de Gaëlle. Ma main au feu je te dis.
2. Ça va tellement LOIN que certaines changent même leur voix !
Il y a des tas d’exemples mais les plus remarquables sont les filles de téléréalité. Avez-vous déjà remarqué leur manière de parler avant et une fois qu’elles ont connu la notoriété? Leur voix est plus nasillarde, elles ont des mimiques de prononciation qu’elles n’avaient pas avant, un peu comme si un sudiste se mettait à parler avec un accent parisien. Che-lou.
3. Les collaborations
Bon alors là, c’est un sujet touchy. D’un côté, lorsqu’une marque sort un produit génial et l’offre à des influencers, c’est normal de le voir partout en story. Après tout, si un produit peut changer la vie des gens, il faut que le monde le sache.
Mais la manière de présenter les choses s’est, elle aussi, unifiée à mort. On voit sans cesse des « unboxing », des stories créées avec Story Luxe ou autres applications vues et revues… Les mêmes phrases bateau sont utilisées en permanence etc… Moi aussi je le fais. Je crois qu’on le fait toutes.
Si on se met à la place d’une personne qui ne crée par du contenu mais qui suit des tas d’influencers, on peut imaginer à quel point cela peut être lassant de regarder 20 stories d’affilée et en voir 10 relatant du même sujet, avec des images quasiment identiques.
En plus, le fait de vouloir à tout prix suivre les tendances fait qu’on est totalement coupé dans notre créativité. On reproduit des choses, mais on ne les crée plus de toutes pièces. Bref, adieu la singularité.
4. La démesure d’Instagram
C’est le point qui me chiffonne le plus. Instagram est clairement devenu le lieu où il est normal d’exhiber la moindre richesse. Craquer pour un sac Chanel à 2000€ est devenu banal. Partir aux Maldives aussi. Vivre dans une maison de luxe également. Bref, toute cette richesse affichée frôle clairement l’indécence.
Et ces images, ça rend les gens comme moi malheureux. C’est un mot fort, mais important et juste. Parce qu’on ne comprend pas, du coup, pourquoi nous on n’a pas cette vie-là. Elle paraît tellement simple à avoir qu’elle anime une espèce de frustration permanente du « pourquoi pas moi? », qui au fond n’a pas lieu d’être. Il est très difficile, voire presque impossible de ne pas idéaliser la vie d’un influencer puisque la base de son métier, c’est de faire rêver. Et tu me diras tout ce que tu veux, que ça ne te touche pas etc… Au fond, c’est faux, ça touche toutes les couches de la population.
Et Instagram, ce petit con, l’a bien compris.
Un des défauts naturels de l’être humain, c’est de se comparer. Et IG se sert de cette nature pour en faire son business. Aucun influencer ne peut imaginer l’impact qu’il peut avoir sur la vie des gens parce que lui aussi se compare en permanence.
C’est pour cela qu’on est dans une espèce de spirale infernale dont on ne peut pas sortir. Il y a en permanence un écart énorme entre la vie sur les réseaux, et la vie réelle. Notre téléphone étant devenu pour la plupart une troisième main, on n’arrive plus à faire la part des choses.
En viennent des comportements su-per-pas-normaux: on s’endette pour avoir les dernières Fila à la mode, pour partir dans des endroits paradisiaques, on préfère manger des pâtes pendant six mois et faire des photos en vacances plutôt que de profiter de l’instant avec les gens qui nous accompagnent…
La réalité, c’est que lorsqu’on se coupe de tout ça, je vous JURE que ces comportements disparaissent au bout de deux ou trois jours. Tout à coup, je me suis mise à prendre le temps de cuisiner. J’ai lu dans mon bain. Je n’ai rien commandé sur internet. Et vous savez quoi? On est heureux quand même! Fou hein?
La grande conclusion de cette absence.
En quelques mots, je dirais que tout est une question d’équilibre. Le but n’est pas de tout quitter et de devenir ermite sur une île déserte. C’est plutôt de ne pas tomber dans le cercle vicieux béant que les réseaux sociaux ont déployés ces dernières années.
Instagram est un chouette réseau, où on peut suivre ses proches et d’autres personnes plus influentes. Mais en aucun cas on doit le laisser régir nos vies. Si vous êtes accro à cette plateforme, essayez de vous rappeler que derrière chaque photo qui vous fait rêver se cache une réalité avec des problèmes, tout comme la vôtre. Ce n’est pas parce qu’on sourit devant la tour Eiffel qu’on ne reçoit pas des rappels de paiements pour diverses raisons. Non, un bouquet de 100 roses ne fait pas oublier la perte d’un parent. Une maison ne se construit pas en claquement doigts: ce sont des hauts et beaucoup de bas qu’il faut surmonter, riche ou pauvre.
Bref, mon absence m’a permis de relativiser et de voir que ma réalité à moi me suffit à être heureuse. Le but de ma vie est simple: je veux collectionner les souvenirs. Parce que sans déconner, ça m’étonnerait qu’on m’autorise à emporter mon Cloud au Paradis.