
Vivre seule : un an plus tard !
Vous savez quoi ? J’avais super hâte de vous écrire cet article mais il me fallait une date fatidique. Et voilà… Ca fait officiellement un an que je vis seule, dans mon petit appartement de Fléron. Et en un an, il s’en est passé, des choses !
Vivre seule m’a permis (et me permet encore) de faire un énorme travail sur moi-même et comprendre beaucoup de choses, notamment celle que je suis. J’ai encore un long bout de chemin à faire, mais je pense que ça a clairement été l’expérience la plus bénéfique de tous les temps de ma vie. Mais avant, revenons un an en arrière, pour resituer le contexte.
Il y a un an, j’ai effectué le big méga virage.
2021, après un an de maladie de Basedow, un moral dans les chaussettes, un corps qui se remettait péniblement d’un traitement qui l’avait bien bousillé et une vie covidale sans fin, j’ai eu comme un énorme électrochoc.
J’ai pris conscience que la vie me donnait une deuxième chance, un peu comme les personnes qui survivent à un accident de voiture censé être mortel. Il faut dire qu’avec les crises de tachycardie, il y a sans doute eu des moments où je suis passée par la petite porte. Quand la santé part en couilles et qu’on n’a pas encore 30 ans, je peux vous assurer qu’on remet absolument TOUT en question. Ca a été mon cas. Et vous connaissez le verseau que je suis : quand rien ne va à droite, il suffit d’aller à gauche. J’ai donc effectué ce virage en changeant absolument tous les aspects de ma vie d’un coup. Autant bien déraciner les mauvaises herbes et reprendre sur des bases saines tu vois.

Le travail.
Je travaillais à l’époque dans une entreprise où j’adorais l’ambiance mais où le travail commençait à me peser. J’avais la sensation d’avoir fait le tour de la question et je n’aimais pas vraiment vers quelle direction mon poste évoluait. Je ne regrette en rien mon passage là-bas car j’y ai découvert des personnes extraordinaires, certaines étant entrées dans ma vie comme de véritables amies. J’ai même fondu en larmes devant le big boss quand je lui ai annoncé ma démission, tellement j’étais attachée sentimentalement à cet endroit. Fou hein ?
Bref. J’avais trouvé un nouveau job (où je suis actuellement). Paumée dans les forêts de Francorchamps, je m’occupe désormais de la communication pour une entreprise de chauffage et énergies renouvelables. Qui l’eut cru ?
La vie personnelle.
Vous avez été des centaines et des centaines à me demander ce qui se passait, et je le comprends. Sur Instagram, je continuais mes stories comme si de rien était et, un jour, je me suis retrouvée dans un nouvel appartement. Par respect pour la personne avec qui j’étais et parce que je ne souhaite pas étaler de trop ma vie privée sur internet, je vais simplement dire que j’ai décidé de mettre un terme à mon couple en même temps qu’à mon travail.
Le cocon.
Dans la suite logique, j’ai déménagé de Liège à Fléron. Tout a été très vite. Je n’avais pas encore totalement terminé mon traitement de Strumazol, mais il ne me restait que quelques semaines avant qu’on m’annonce la guérison. Je me suis donc retrouvée dans mon 65m2 (oui, je me suis fait plaisir), au 4ème étage d’un immeuble où la moyenne d’âge avoisine les 70 ans. J’ai eu un peu de mal à m’y sentir à l’aise pour être honnête. Je suis partie de chez mes parents à 17 ans mais je n’avais jamais vécu seule auparavant. J’ai connu les colocs, la vie entre sœurs, la vie en couple, mais jamais la vie de célibataire solo.

Je me suis profondément déracinée.
En deux semaines de temps, j’avais commencé un nouveau boulot, quitté une relation de 5 ans et changé d’appartement, de ville etc. Autant vous dire que question déracinement, j’ai fait aussi fort qu’il y a 10 ans, quand j’ai déménagé en Belgique.
Cette sensation de ne plus avoir de sol sous les pieds est à la fois horrible et magnifique. Horrible parce qu’on n’a plus aucun repère : on ne sait plus vraiment qui on est. Mais magnifique en même temps, puisqu’on n’a plus aucun repère et qu’on ne sait plus qui on est. Tu vois le délire ?
Le fait de changer du tout au tout m’a permis de faire très vite le deuil de ma vie d’avant. Evidemment, je mentirais si je vous disais que je n’ai pas été mal. Les premiers jours ont été un véritable enfer. Je me souviens de la sensation d’être dans mon appartement, avec mon chat et ma pizza, pas de TV, pas d’internet. Je regardais par la fenêtre, il n’y avait aucun bruit mis à part celui des oiseaux. L’air qui rentrait avait une odeur différente de celle que je connaissais, tout me paraissait nouveau, inconnu. La journée, je me faisais à ma nouvelle vie avec mes nouveaux collègues, et le soir, je rentrais chez moi, pleurant dans l’ascenseur et me sentant fébrile.
Chaque nuit, je mettais des épisodes de Desparate Housewives, la seule série que j’avais pu télécharger sur mon ordi. Ca me permettait de ne pas penser au vide qu’il y avait autour de moi puisque je n’avais quasiment aucun meuble.
Puis, la famille et les amis sont passés, plusieurs fois. Je suis allée chez eux, aussi. Et rapidement, j’ai senti les premières racines se former sous mes pieds. Je prenais des pauses de quelques minutes dans mes journées ou dans mes soirées pour me délecter de ces nouveaux sentiments qui naissaient en moi : ceux de la fierté, de la victoire, de la paix. Je ne pleurais plus dans l’ascenseur, j’ouvrais désormais la porte de chez moi en criant « oh mon petit chat d’amour que j’aime à la folie » à Hermione.
Bien sûr, les crises d’angoisses quand le soleil se couche ne m’ont pas quittées. Cependant, elles ne me gâchent plus la vie. J’ai assez de force aujourd’hui pour ne pas leur laisser (tout le temps) le contrôle.
Après un an, j’accepte celle que je suis devenue.
Pendant très longtemps, j’ai lutté contre celle que j’étais. J’ai toujours eu beaucoup de mal à accepter le fait de ne pas être parfaite en tous points, eu énormément d’appréhensions à assumer mes choix devant mes proches parce que j’avais peur qu’ils soient déçus (c’est toujours le cas, mais je travaille dessus). J’ai recherché l’amour auprès des mauvaises personnes, je me suis oubliée des milliers de fois dans des relations qui n’avaient pas de sens. Je me suis fondue, tel un véritable caméléon, dans tous les milieux, juste pour trouver dans les yeux des autres le Saint Graal de l’approbation.
Cette quête interminable a pris fin le jour où j’ai passé la porte de cet appartement. J’ai bien sûr encore le cœur au bord des lèvres quand je dois parler de ce que je ressens tout au fond de moi à des personnes qui me sont chères, mais je m’ouvre beaucoup plus. Et après un an de péripéties je commence à intégrer que rien n’est blanc ou noir.
A la manière du Yin et du Yang, j’ai en moi deux forces opposées et complémentaires qui sont interconnectées. Parfois, l’une prend le dessus sur l’autre et l’équilibre est rompu. Le chaos règne alors en maître sur le quotidien, et je cherche à tâtons comment reconstruire par-dessus. Puis, la tempête passée, l’harmonie retrouvée, je retrouve calme et quiétude. Jusqu’au prochain ouragan.
Je crois que la plus grande leçon que j’aurais apprise en vivant seule, c’est celle-là.